mmm...pffff....mmmm....pffff...
Allez allez, on respire en rythme!
On inspire bien profondément, afin que les rares particules qui viennent jusqu'à nous s'imprègnent bien profondément jusqu'aux tréfonds de nos bronches, le plus loin possible dans les alvéoles, y a pas de raison qu'il n'y ait que les japonais qui en profitent, pour une fois que c'est gratuit en plus!
Je ne comprendrai jamais rien à la communication de crise, stupide bête inférieure que je suis, quasiment incapable de faire la différence entre une vessie cancéreuse et une lanterne atomique. A l'époque de Tchernobyl, on nous jurait qu'il n'y avait absolument aucun problème pour la santé. Bien.
Aujourd'hui oh la la mes braves amis c'est plus pareil, virage à 180 degrés, arrière toute, on nous dit que c'est la situation exactement inverse à Tchernobyl, c'est l'exact opposé, à savoir qu'il n'y a absolument aucun problème pour la santé. Bien.
Bien bien bien bien.
Non seulement ils ne dramatisent pas, tous là dans la télé, mais en plus ils nous disent carrément, j'ai pas rêvé je l'ai entendu sur tous les tons, qu'il faut sortir, tous, même les enfants, surtout les enfants, les bébés, les découvrir, c'est une belle journée, il faut faire comme si de rien n'était, car de rien n'est en vérité, c'est une journée normale, avec un nuage radioactif, mais normal. Ah oui d'accord alors.
On ne va pas respirer des milli-sievert aujourd'hui, on va aller deux cases plus loin et ne respirer que des nano-sievert. Ah oui alors là, tout de suite, ça nous parle. Ah oui c'est bien les nano-sievert, c'est pas méchants les nano-sievert, ça fait moins peur que les Becquerel, les rad ou les Röntgen, en plus c'est des nanos, c'est tout petit, et ce qui est petit est gentil, c'est bien connu.
On nous encourage, on nous exhorte, on nous prie de sortir, TOUT - VA - BIEN.
Hier au jité de treize heures chez la Lucet, il y avait un monsieur habillé en costume noir optimiste qui nous disait tout ça très bien.
Très enthousiaste le type. Une gueule d'accidenté nucléaire, mais très pro, très sûr de lui.
Avec de grands sourires.
Beaucoup de sourires.
Radieux.
C'est ça qui m'a mis la siphonaptera à l'ouïe, le parasite suceur à l'esgourde.
Autrement dit, la pute à l'oseille. A moins que je confonde. L'Histoire rectifiera. On s'en fout.
Je me suis dit, autant de sourires radieux, ces gens sont contaminés, ils nous mentent, ils nous cachent la vérité.
Vérité qui est bien mieux encore que la réalité. A voir leurs sourires et leur belle assurance, on sent qu'ils se retiennent de nous dire que ce nuage est carrément bon pour la santé, on n'en est pas loin, on devine qu'il ne faudrait pas les pousser beaucoup, c'est là, prêt à sortir, mais la culture du secret est forte, on ne voudrait pas provoquer une vague d'enthousiasme incontrôlée, une gigantesque foule en délire qui respirerait le bonheur nucléaire à pleins poumons, alors on minimise, on tait la vérité, le nuage radioactif est bénéfique pour l'organisme certes, mais on ne le saura que dans vingt ans, quand, comme pour les réacteurs japonais, ça aura fuité.
"-T'en n'as pas marre pow wow, toujours sarcastique, toujours ironique, c'est très pénible, tu ne crois jamais ce qu'on te dit, t'es parano, tu doutes toujours de tout, ta vie doit pas être facile facile non?" que je puis entendre çà et là de la part de gens que je connois, à l'occasion, en tendant l'oreille que j'ai bien dessinée. Surtout la gauche.
"-C'est vrai" que je réponds alors, "vous n'imaginez pas à quel point ma vie est un enfer, un cancer de la thyroïde en phase terminale à côté de ce que je vis, c'est du nougat; une tumeur est plus maligne que moi je ne vous le cache pas, et elle en connaît un rayon, elle."
Je ne fais pas rire tout le monde.
Même si je ris moi-même. C'est un mystère.
Y en a même que je désole.
Sache, toi visiteur de passage, déambulant dans la masse visqueuse des blogs tel un zombie en quête de globules pour étancher ta soif de ...euhhh...ben de zombie, que contrairement à un nuage radioactif inoffensif, j'ai, à la longue, des effets délétères sur ta santé.
Au moins mentale. Demande aux habitués d'ici, leur QI est en chute libre, et ils doivent subir de longues cures de Béachellisation et de Morandinitude en caisson à oxygène, pour ne pas se le faire péter, le caisson. Beaucoup d'entre eux étaient, comme le Koursk qui fut un fleuron de la marine Russe avec son fier emblème sur le nez, des fleurons de l'intellectualisme français, ils arrivaient ici la tête pleine de fols espoirs, avec Spinoza pour bagage, et repartaient avec pine au cul dans la bouche, c'était une longue descente aux enfers. Beaucoup finirent comme l'autre, désorientés, échoués dans la vase au fond de la mer, avec le flanc éventré, et plein de petits marins morts tout gonflés et bouffis par l'eau de mer dedans, l'eau de mer ça bouffit, surtout après huit jours. C'est pour ça que les marins portent des pulls en laine, c'est parce que la laine c'est extensible. C'est bien pratique après huit jours.
Pour t'en convaincre, ô visiteur, qu'ici ta santé mentale est en sursis, tu n'as qu'à passer devant ton écran, une fois que tu viens visiter mon blog, un dosimètre à connerie, et tu verras l'aiguille s'affoler. C'est affolant.
Je t'aurai prévenu.
Mais je ne terminerai pas ce billet sur une note ironique ou sarcastique pour ne pas aggraver mon cas, ici, tout finit en chansons, ou à la cuisine, on est des gaulois, merde!
Ce soir donc, c'est la fête!
Un bon poulet au dîner.
Un poulet.
Aux curies.
Ça vous dit?