Je vais avoir quarante-cinq ans.
Et je viens de faire une terrible découverte.
Un terrible constat.
Non j'ai pas eu d'accident, d'ailleurs j'ai jamais eu d'accident, faut jamais écouter les gens qui vous disent "moins vite", "t'es trop près", "t'es à 230 sur la bande d'arrêt d'urgence", "doucement, t'es à contre-sens, fais gaffe à tous ces connards", "ralentis, il y a un bout de la mamie qui rentre par l'aération", "moins vite, je crois qu'on a un enfant incrusté dans la calandre si j'en crois les hurlements" etc.
C'est sidérant, j'ai une vie normale de mec flippé comme vous (pour les mecs, je sais pas pour les gonzesses, j'imagine que c'est pas mieux), je vois passer les saisons à la vitesse du TGV et je ne m'étais jamais rendu compte d'une chose, et ce n'est qu'en revenant un peu sur tout ce que j'écris que la vérité éclate au grand jour.
En écrivant ce blog, y a certains aspects de ma vie que je découvre, essayez vous verrez, c'est édifiant. Si ça se trouve, un jour je vais découvrir que je suis un notaire (avec une cravate) de province, une hôtesse topless dans un bar, ou un camionneur avec plein de calendriers de femmes à poil dans son camion (ça m'étonnerait qu'à moitié, notez). En fait on ne se connaît pas. On croit se connaître et en fait non, on est un autre. Non pas celui-là il me plaît pas, un autre. Putain, si ça se trouve je suis un banquier en combinaison de latex dès la nuit venue. Ah non, tout sauf ça bordel. Je préfère encore être un prêtre pédo-nécrophile-nazi, c'est plus sympa et on rencontre des jeunes.
Oui, c'est parce que c'est l'automne, et je me disais qu'à l'automne, j'ai comme une envie subite de rien foutre, de m'assoir sur une chaise, d'écouter des chansons trisses et de regarder les feuilles tomber ou les champignons pousser (faut vraiment avoir envie de rien foutre, notez aussi), ou regarder les feuilles tomber en imaginant selon quelles équations ou théorèmes mathématiques elles sont soumises à ce moment-là, en même temps que d'imaginer un théorème du rien-foutisme tant qu'on y est ça mange pas de pain, qui doit être assez simple à mettre en équations. Pas le pain, putain suivez un peu merde. Vous n'allez pas à la boulangerie en disant "Bonjour madame la boulangère (comme vous êtes gironde et accorte), je vais prendre un pain de campagne, vous pouvez me le trancher en équations pas trop épaisses s'il vous plaît (ah oui merde, vous êtes carrément bonne à lutiner)"?
Oui mais le problème qui se révèle à mes yeux, c'est qu'arrivé à l'hiver, j'ai comme une subite envie de rien foutre et de m'assoir sur une chaise derrière une fenêtre et regarder la neige tomber ou le Père Noël galérer à essayer de faire démarrer son traineau quand il a son traineau diesel, ou tout autre évènement qui se produit en hiver, comme une petite mémé qui se brise le coccyx et tout le reste à cause d'un camion qui dérape, c'est un exemple comme un autre je suis désolé, me pétez pas les burettes, c'est pas le jour. Revenez le jour des burettes, on en recausera.
Oui mais le problème, c'est qu'arrivé au printemps, j'ai aussi comme une subite envie de rien foutre et de m'assoir et de regarder les fleurs pousser, les filles se dévêtir, les lapins frayer frénétiquement, enfin toutes ces choses qui font le charme du printemps vous en conviendrez, comme regarder madame pow wow d'un oeil torve et salace la bave aux lèvres, feuilleter frénétiquement les pages nuisettes de la Roudoute en douce en prévision, enfin toutes ces choses naturelles qui nous habitent depuis la nuisette des temps.
Oui mais le problème encore, c'est qu'arrivé à l'été, j'ai toujours comme une subite envie de rien foutre et de m'assoir et de regarder les côtes de boeuf cuire au barbeuc, le soleil inonder de sa chaleur tout ce qui est habituellement inondable par la chaleur du soleil, ou les Léonides le soir venu allongé dans l'herbe fraîche et parfumée et pleine de cacas d'oiseaux sauf qu'on les voit pas sinon on s'allongerait pas, bien sûr que non on dirait pas à sa chérie "viens ma chérie, allons nous allonger et roulons-nous dans les cacas d'oiseaux", ou les Perséides quand elles ont quatre mois d'avance, des fois ça arrive si elles empruntent un itinéraire bis pour rentrer à la maison. Ne dites pas non, vous n'en savez fichtre rien.
Voilà donc, nous pouvons résumer la situation ainsi, telle qu'elle m'apparaît aujourd'hui: tout au long de l'année, j'ai comme une subite envie de rien foutre et de m'assoir et de pas faire grand-chose!
Il m'a fallu quarante-cinq ans pour faire ce constat, dire que j'ai raté ma vie, j'aurais pu la passer à glandouiller peinard assis sur une chaise à regarder des trucs, à côté de ça je frôle tous les jours la crise cardiaque pour mener une vie de merde à 100 à l'heure, bordel à pipe!
J'ai rien vu!
Ah non là je tombe des nues, putain qu'est-ce que je vais découvrir après-demain, que j'ai fait des dénis de grossesse et que mon congélo est plein à ras bord?
Ah non excusez-moi, permettez-moi d'être un tout petit peu inquiet!
AUTOMNE
Une branche sur l'oiseau
chantait en perdant ses feuilles
L'automne tenait l'archet
Du violon qui gémissait
Dans le vent venu de l'ouest
Murmurant des-choses tristes
Et l'oiseau pleurait tout seul
Fleurissant le sombre ormeau
De ses larmes en corolles
De cristal et d'or nouveau
Et la branche et le moineau
Dans la brume pure et grise
Ont marié leur nostalgie
Au mystère de la nuit.
Raïssa Maritain
En cadeau bonux : le photorama de vos (votre) années (année) ! http://www.youtube.com/watch?v=j_H8IW7_3tU&p=515BB48014B684C3&playnext=1&index=23
Je suis pour qu'on remplace La Marseillaise par la chanson d'Higelin! Merci!
Moi aussi, au printemps satan m'habite.
Enfin, je devrais dire " satandait ", heu non pardon " m'habitait ", parce qu'il se fait de plus en plus rare.
Tu verras bien, dans quelques lustres. Et pas ceux où on s'accroche.
Cravate de notaire !!! hou hou hou, fripon, tu crois qu'on t'as pas cerné ?
sinon "s'asseoir" plutôt non ?
je pensais que SGD allait nous proposer Souchon.
Asinus, je suis pas pressé de vieillir, la bête bouge encore! ;o)
Nombril, assoir ou asseoir, la deuxième forme est plus classique c'est vrai. Tu peux rajouter des "e" au marqueur sur ton écran, ça me dérange pas, je t'assure.
L'heure tourne. Elle ne se fatigue jamais. C'est ce que j'aurais aimé être: une horloge.
Franz Bartelt (1949- )
Vincent! Toi ici, j'y croyais plus! euhhh... t'as amené une boutanche de Pommard? C'est le prix de l'abonnement ici. ;o)
Je me demande si c'est le vrai Vincent? Il n'a pas mis de lien dans son message, ça ne lui ressemble pas..
Je sens que ce blog va me coûter cher ;-)
http://picasaweb.google.com/beyondtheeyes/TonnellerieLyceeViticoleDeBeaune?authkey=Gv1sRgCInw1rSfx5r64wE
ok t'énerve pas, c'est bien toi
tchin :-)
Vincent, j'avais pas dit un tonneau de Pommard, mais devant ton insistance je capitule, et j'ai déjà fait la place. Vas-y envoie! ;o)
Ouarf eh l'autre ! 45 piges et ça fait le plein d'états d'âme !!! Attends un peu la cinquantaine, j'te dis pas la crise ! C'est bien simple, moi, quelques jours avant, j'ai failli finir en poussette handisport après une chute d'appentis, terminus la dalle de béton en contrebas...
On fait les lapsus qu'on peut, faut dire.
Par contre, 60 ça passe comme une lettre à la poste. A force on s'habitue qu'il paraît.
En attendant... banzaï pow wow !
A la vôtre les garçons. Pffff, pensez rien qu'à tout arroser, toujours un bon prétexte.
Pour moi je trinque avec ma célèbre boisson à l'orange. Peux dire de marque. :-)) Coucou aux dames.