e suis en pleine crise.



De la quarantaine.

Deux fois vingt.

Plus cinq.

Enfin pas vraiment, je suis un cas à part.

J'ai pas envie d'acheter une voiture de sport, de me teinter les cheveux en blond péroxydé, de remettre des boucles d'oreille ou de remettre des jeans moulants et d'aller rôder autour des lycées, non. C'est pas ça.

D'autant qu'y a pas de lycée près d'ici, c'est con. Sinon j'irais en vélo déjà.

Y a qu'une maison de retraite pas loin, et du coup, ça freine méga les pulsions. Grave. Faut bien le dire.

Vous savez ce qu'est la crise de la quarantaine lambada, telle qu'elle arrive sans crier gare, à trente-neuf ans trois quarts un mardi à midi, chez le mec de base lambada, donc. Ses gonades se sont légèrement flétries, endormies et ramollies, sous l'effet de la bière, du foot et de la zapette. La zapette émet des zondes ramollissantes, faut le savoir. Cocktail explosif. Mais à l'envers. Implosif alors. Le corps se réveille soudain. Il a comme envie de s'extirper de son canapé, de ses pantoufles et de son survêt', tout ça d'un coup. Classique.

Les cheveux blancs, le bidon qui s'arrondit, les rides qui apparaissent, le souffle court quand on a réussi l'exploit d'aller du canapé jusqu'au frigo chercher de la bière en une seule étape, les kilos qui s'accumulent et ne veulent absolument pas disparaître malgré un régime draconien à base de pizza et de tartiflette Ouette Ouattecherre, le corps qui change, pas en mieux ça c'est con, la peau qui se flétrit, les érections qui deviennent rares sauf quand on voit Élodie Gossuin à la télé ou 30 millions d'amis si on est un pervers, ou Dora l'exploratrice mais là c'est plus grave et j'engage à consulter sans attendre dans ce cas-là, enfin bref, tout se chamboule, on n'avait rien vu venir, on se réveille tout à coup, et paf on est en crise.

Moi non.

C'est pas ça du tout.

C'est comme un genre de reste de crise de l'adolescence. Que j'ai pas tout fini.

La rebellion à l'autorité, principalement. Et accessoirement, aussi, mais principalement principalement, d'abord.

Quand par exemple madame pow wow veut que je mette le couvert, et que chuis en train de faire une partie de jeu vidéo où que chuis en train de péter la gueule à tout un tas de gens qui m'ont rien fait pour la plupart, c'est juste que c'est pas leur jour, fallait pas venir, fallait rester chez soi tranquille à manger des pépitos, on ne va pas en ville quand la bête a débarqué, c'est une question de bon sens, mais les tas de petits zavatars présents dans les jeux n'ont pas de bon sens, parce que l'intelligence artificielle n'est pas très aboutie, moins que la mienne, pour les niquer. Elle n'en est même qu'à ses prémices. Pas la mienne, la leur. C'est pour ça qu'il faut en profiter maintenant.

Après, ce sera plus tard.

Chacun sait qu'on n'arrête pas une partie de jeu vidéo comme ça, faut rallier le point de sauvegarde le plus proche, c'est pas instantané, y a pas un téléporteur à point de sauvegarde, enfin dans certains jeux si, mais dans le mien actuellement, non, faut que je pète la gueule à d'autres gens pour leur piquer leur bagnole, leur moto, leur bateau ou même leur hélico, pour aller sauver. C'est un joli paradoxe. J'aime bien les jolis paradoxes. Certains aiment les parapluies, moi je préfère les paradoxes. Mais les jours où il pleut, si je sors avec un paradoxe ça sert à rien. C'est les limites du paradoxe. Sinon si tu laisses ta partie de jeu vidéo là, faut que tu recommences à péter la gueule à tout le monde, et tu t'en voudrais de ce déchaînement de violence inutile. Péter la gueule à tout le monde, d'accord, mais avec parcimonie. Et un bazooka. Les roquettes parcimonieuses et le bazooka équitable, y a que ça de vrai. Faut respecter l'autre.

Respecter l'autre, c'est développer son sens altruiste, son honneur, pour ne pas qu'il te fasse du mal à toi. Donc lui péter la gueule. C'est de la prévention. Et pas de la répression brutale. Faut agir en amont, comme disait Marcel.

Mais là ne réside pas le point culminant qui caractérise mes crises graves et soudaines à l'autorité.

Quand faut aller faire des courses, par exemple, là ça culmine grave. Ça culmine jusqu'à son point le plus haut, en fait. Je fais semblant de rien mais je culmine. Même si par exemple je suis en train de téléphoner à ce moment-là avec un combiné à des gens qui ne sont pas chez moi, eh ben je parle à mon interlocuteur comme si de rien n'était, mais je culmine quand même, je peux faire les deux en même temps. Ce n'est pas décelable à l'oeil nu car j'ai adopté des techniques de mimétisme qui me font ressembler à un mec qui téléphone normalement. A des gens qui ne sont pas chez moi. Il n'y a guère qu'à la lecture d'un examen à l'électroculminogramme qu'on pourrait se rendre compte de mon état. C'est comme les secousses sismiques, on ne les sent pas forcément mais un rouleau avec du papier et une aiguille s'en rendent compte, je sais plus le nom de l'appareil mais ça marche. Quand je culmine à moins de cinq sur l'échelle ouverte de Richter, on ne distingue rien. Après faudrait un tsunami mais je sais pas faire.

C'est que j'ai deux lobes de cerveau, je suis pas fait comme tout le monde. Un en une moitié, et l'autre en l'autre moitié. L'un s'occupe de l'intendance normale, du tout venant, de la latéralité et de payer les factures, l'autre s'occupe de culminer.

Quand madame pow wow décide qu'il faut aller faire des courses, donc.

Ces jours-là, je veux pas me lever et je me coiffe pas et je traîne des pieds exprès et je dis que des gros mots comme con et merde et quéquette. Bien fait.

"-Oaaaah t'es trop nulle toi, tu penses toujours à faire des courses alors qu'on a tout ce qu'il faut, et puis si on n'a pas tout ce qu'il faut c'est pas grave, t'iras demander aux voisins, c'est fait pour ça les voisins, c'est fait pour te dépanner quand t'as besoin. Et avec internet t'as même pas besoin de te déplacer, tu fais ta liste de courses et tu l'envoies par e-mail chez les voisins, on dirait que la technique, toi ça te passe au-dessus de la tête hein, ça c'est quand même formidable, on vit au vingt-et-unième siècle , eh ben toi t'es restée à l'âge de pierre! Incroyable! Je te signale que tu as encore l'âge du fer et l'âge du bronze à passer si tu veux me rattraper, et tu peux t'y mettre maintenant c'est du boulot chte garantis, parce que si tu rates, tu auras l'âge du fer à repasser et l'âge du bronze à repasser aussi mais là ça veut moins dire quelque chose c'est moins rigolo, je trouve, mais bon. C'est toi qui vois, je te mets pas le couteau sous la tempe."

En général ça rate, ma femme est complètement obtuse et de toutes les manières, quand il s'agit de faire des courses, on ne la reconnait plus, elle change complètement, elle se transforme en bête, comme la bête du Gévaudan, mais moins poilue si on la tond sous les bras. Mais faut oser. Faut l'endormir d'abord à la seringue hypodermique.

Hippopodermique, même, pour plus de sécurité. Une grosse seringue avec un pompon rouge pour la retrouver quand elle se sera enfuie et écroulée dans le fond du jardin.

Les voisins doivent penser de drôles de choses de nous des fois.

On les emmerde, bande de connards.

Je fais ma crise de la quarantaine comme je veux, même en tenue de safari si je veux j'ai le droit.

Il est pas né celui qui va me dire.

Commis par pow wow on vendredi 15 avril 2011
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12 réactions disproportionnées

  1. Anonyme Says:
  2. Mon pauvre ami... (enfin, mon riche ami je voulais dire, paske toute cette sagesse c'est quand même une sacrée richesse, non ?)

     
  3. Moi, c'est la crise que j'aimerais mettre en quarantaine....
    Tiens, c'est le matin on dirait. Petite forme, moi.
    Je vais me boire mon treizième café et on en recause.

     
  4. alain b Says:
  5. Je te trouve en grande forme pour ton âge.
    Et puis ta femme surtout garde là, elle t'inspire ;-)

     
  6. Quant tu penses que les femmes elle font une crise de la quarantaine tous les ans dés 35 ans...

     
  7. Ta femme pourrait faire l'effort de prendre une bière avec toi et de te tôler à ton jeu préféré.
    Je trouve.
    Mais non, c'est toujours pareil: utile. Utile. Utile.
    Elles savent pas c' que c'est qu' la vie.
    Déjà, dégotte-z-en une qui se marre comme une baleine devant Hot Shots 1 et 2, les deux meilleurs films de la terre.
    Ferez signe.

    Je précise que ce commentaire n'appelle aucune réaction particulière, qui serait notamment dépourvue de tout second degré :-)

     
  8. J'en connais qui pleurent devant Titanic, ça compte ?

     
  9. pow wow Says:
  10. Mike, oui c'est dur d'être un sage et d'être marié. ;o)

    Stoppy, t'as vu y avait un spam pour vendre du viagra, j'espère que t'as fait ta commande avant que je l'efface?

    Alain, garde-la garde-la, t'es marrant toi. ;o)

    Eric, c'est pour ça qu'il faut en changer avant 35 ans...

    Fan (de Charlie Sheen ou de la belle italienne dont j'ai oublié le nom), ben ouais c'est toujours pareil avec elles, boulot boulot, méange ménage, courses courses.

    Eric, moi je pleure devant Bambi.

     
  11. pow wow Says:
  12. Mais ne le répétez surtout pas.

     
  13. Un spam pour le viagra ?
    Ça doit etre un coup de mon Adblock, il l'a déguisé en powwowsserie.
    Je me disais aussi que le titre était un peu bizarre.
    "Z" ça s'appelait...

     
  14. Cré Vains Dieux... Grand bébé,

    Pauvre poussin affolé !

    45 déjà ? Moi j'ai attrapé 60 cet hiver, il faisait 35° C, c'était à Saïgon, tout au bout de l'Extrême-Orient. Et 60 c'est dur : c'est vraiment l'entrée dans la vieillesse, non ? Ou alors je ne m'y connais pas...

    Mais d'un autre côté est-on obligé d'être un djeun à perpète ?

    C'est pas certain, et surtout pas souhaitable...

    Imaginez un peu un truc dont on ne pourrait jamais sortir, quelle horreur !

    Et puis il faut penser à laisser la place aux vrais jeunes, non ? Déjà qu'on les a précarisé à fond pour garantir nos rentes de situation (allez voir ce qu'Emmanuel Todd en pense sur @si !)

    Tu sais quoi mon bon pou wou ? Ben, selon moi madame wou a bien de la vertu et de la patience pour supporter depuis un paquet d'années un gugusse de ton espèce, qui fait rien qu'à jouer sur des consoles merdiques avec des jeux hyper-violents pour pré-ados boutonneux et frustrés tout en refusant obstinément d'aller verser son obole au nécessiteux Michel-Édouard...

    Vas-y, dis-lui mon admiration, à ta femme : un de ces quatre elle va te plaquer sans prévenir et me rejoindre pour vivre enfin la grande vie parisienne.

    Et ce sera bien fait pour toi...

    ... Pour moi aussi d'ailleurs !

    PG

     
  15. Ben alors gamin, un petit coup de mou ?
    Putain j'ai bien rigolé. Merci.
    Au fait, moi c'est plutôt Sonia Roland, comme Miss France.

     
  16. pow wow Says:
  17. Asinus, et Geneviève, y as-tu pensé?

     
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