Eh oui, c'est le printemps.
Et merde. Fini les doudounes, fini les moufles, fini les anoraks, ça y est, la belle saison est finie. Tout le monde est malheureux, et ça se comprend. Vivement fin octobre.
Je sais pas vous, mais moi, arrivé fin octobre, je revis. J'ai passé six mois d'enfer, j'ai hâte que ça se termine.
En avril, tu passes ton temps à retourner la terre dans ton jardin, bon même si y en n'a pas beaucoup, trois mètres carrés à la pioche ou au marteau-piqueur tellement c'est gelé, merci bien. Ton motoculteur a rendu l'âme tellement c'est dur, du coup tu termines à la barre à mine et à la dynamite, obligé. T'es de corvée de ramassage de feuilles, t'as des feuilles partout, dans les gouttières, dans les regards, dans le moindre endroit inaccessible, c'est bourré de feuilles jusqu'à la gueule. On dirait que c'est fait exprès juste pour te faire chier, toi personnellement. Tu t'échines à bien ramasser tes feuilles, tu fais des jolis tas bien propres, prêts à être ramassés, des gros tas (si t'as beaucoup de feuilles évidemment), hop tu t'absentes dix minutes, tu reviens et tu constates que les chiens, eh ben les chiens ils trouvent ça super-rigolo les tas de feuilles, et vas-y que chte fonce dedans comme des malades, c'est marrant ça vole partout, qu'est-ce qu'on rigole! Tu t'en vas, ton tas il fait un mètre carré sur 80 cm de haut, tu reviens ton tas il fait vingt mètres carrés et 5 cm de haut, faut avoir les nerfs solides je vous le cache pas.
En mai, tu ne fais pas du tout ce qui te plaît, c'est à dire glander à mort comme tu sais si bien le faire, tu plantes des trucs et des machins, t'en finis plus au jardin, en plus ça pousse pas vite, t'as beau passer tes légumes au sèche-cheveux pour qu'ils aient chaud et que ça pousse plus vite, que dalle oui, t'es en plus attaqué de toutes parts par des légions de fourmis qui viennent s'installer juste ou tu plantes, tes rosiers sont noirs tellement y a de pucerons, on se croirait à un pèlerinage de pucerons ou au pôle -emploi des pucerons, si encore les pucerons étaient roses ça irait, ça ferait ton sur ton, des pucerons verts passe encore, mais des hordes noires, avec en plus des cochenilles noires par dessus le marché, t'es obligé de farfouiner dans ta cave pour retrouver les vieilles cartouches de Zyklon B rouillées à papi et les vieilles cartouches d'agent Orange (merci monsanto) que papa a ramenées d'Indochine, heureusement qu'il y a des guerres pour se constituer des stocks, chte l'dis.
En juin c'est sympa, c'est partouze généralisée chez les végétaux, tu te prends des giclées de pollen à tout va dans la tronche, t'as les yeux rouge Ferrari, le nez comme une patate coulante, t'es en plein milieu d'une orgie planétaire, et toi tu bandes même pas, t'es pas invité. T'es dehors peinard, sauf que c'est la saison où les tiques se disent "tiens, je mangerais bien un bout moi", résultat, tu ressembles à un genre de coccinelle dans laquelle sont fichées rostre en avant une trentaine de tiques, ce qui te fait de très jolis gros points rouges sur le corps, tu frôles la maladie neurologique à chaque sortie, nan je sais pas ce qu'il vous faut. Après t'es dehors toujours (faut dire que tu cherches un peu quand même), tu décides de manger du melon. Oui mais c'est con, l'essaim de guêpes qui est à 100m de là il adore ça aussi le melon, et même s'il n'a pas payé il s'invite, et tu te fais braquer ton melon par une dizaine de guêpes sans bouger, parce que si la guêpe c'est petit, ç'en n'est pas moins super-péchu et super-susceptible de surcroît, et si tu la déranges pendant son manger la guêpe même si c'est ton manger normalement, tu dis rien et tu vas te chercher des pêches. Sauf que les frelons ils adorent ça les pêches.
En juillet, déjà tu transpires comme un boeuf, t'es dans un bureau derrière des grandes baies vitrées et ton connard de patron n'a fait installer la clim que dans son bureau, en plus tu ne ressembles plus à rien devant ta jolie collègue qui te rend si con à sourire tout le temps comme un benêt, ta chemise ressemble à une serpillère, t'as peur de sentir la transpiration alors tu bois 5 litres de Mennen-pour-nous-les-zommes le matin avant de partir, en plus t'es le seul à bosser y a personne, enfin bosser c'est un grand mot, disons que ta licence Autocad n'est pas très rentabilisée au mois de juillet ça c'est vrai, par contre, grosnichons.com et culottesenchaleur.net enregistrent des pics de fréquentation indéniables. Le soir venu, t'as pas envie de te coucher, et puis je vois pas pourquoi tu te coucherais tranquille à l'heure où les moustiques sortent au restau, c'est con, juste pendant le coup de feu, à l'heure de pointe. Si bien que tu t'endors vers 5h1/2-6h après avoir passé une nuit dans les tranchées et avoir vidé quinze bombes d'insecticide dans ta chambre.
En août t'es enfin en vacances, sauf que le moindre barbeuc que tu décides de faire après l'apéro et c'est 800ha de forêt en moins dans ta région, pour peu que tu sois gourd et quelque peu empoté à allumer ton barbeuc avec 50 litres de fioul. Vexé, tu pars à la mer, sauf que les méduses sont là depuis juillet à se faire bronzer et pareil, une méduse faut pas l'emmerder. C'est gentil mais par super-sociable la méduse, en plus quand ça possède des tentacules fins comme un cheveu mais faisant dix mètres de long tu lui laisses la place à la méduse. De toute façon t'as plus envie de te baigner, la veille y a 500 000 tonnes de brut qui ont atterri sur ta plage à cause d'un capitaine philippin d'un cargo chypriote battant pavillon du Libéria qui a décidé de te pourrir jusqu'au bout. Bon ben là tu restes sur la plage à bronzer et à essayer de lire, sauf que y a la petite fille à côté qui crie à tue-tête et te balance du sable parce qu'elle essaie de faire un château de sable. Du coup tu vas fouiner dans les dunes et les fourrés à la recherche d'un pédophile qui pourrait te débarrasser de la petite, mais y a plus personne. Tu penses, les pédophiles ils sont déjà de retour auprès des écoles à faire du repérage pour la rentrée.
Septembre je t'en parle même pas, c'est le spleen intégral, y en a qui font bronzage intégral même entre les fesses, ben moi c'est spleen intégral même entre les fesses, chacun son truc. La fin de l'été, le retour, les impôts qui vont tomber comme à Dien bien phu, les programmes de merde qui recommencent à la télé, les collègues qui vont te faire chier avec leurs souvenirs de vacances et leur bronzage ultra-brite et leurs amours de l'été qui ont fini en eau de boudin, forcément, sauf que ça ils ne le disent pas.
Octobre, ça sent la quille. Bientôt la fête des morts, c'est le signe que la belle saison commence.
Ouf.
Quel plaisir de vous lire! Depuis la mort de Frédéric Dard, je me morfondais en relisant mes vieux San-Antonio...
J'attends avec impatience la suite!
Je suis d'accord avec toi.
Moi faut voir en été à la plage : le matin c'est 10L de crème sur le corps pour éviter les coups de soleil. Si j'ai le malheur de me baigner dans un moment d'inattention, c'est rebadigeonage de 10L. Et ça toutes les 2 heures. En fait, à la plage, je m'enduis de crème, c'est tout. Je peux pas lire à cause des mains grasses, et de toute façon, y'a pas le temps, un rebadigeonage dure 2H.
Le soir, c'est crème contre les coups de soleil et crème contre les moustiques déposées en une savante multicouche. Plus la pommade parce que les pieds qui sont chouchoutés au chaud en hiver ne supportent pas le passage aux tongs qui glissent.
Après je me couche crevée.
@Marie-France, merci de votre visite. Dès que vous voyez de la lumière, poussez la porte et entrez!
@Obliv', si tu es d'accord, je te propose de passer les prochains étés avec moi en Laponie pour une cure de sommeil. ;o)
Ouaiiihhhh ! Youpi !!! Mon rêve !!!!!!!
oh bah je vois qu'on se la coule douce ici pendant qu'y en a qui trime sur des forums sérieux où qu'on se fait traiter en plus...
Faut pas vous laisser faire Anne-Sophie, rendez coup pour coup, ne baissez pas la garde, surveillez votre jeu de jambes, tout est dans le jeu de jambes. Courage.
Du grand art, ce blog.
Et je ne dis pas ça parce-que j'ai reçu ton chèque ré-évalué ce matin et alors que ce n'était pas du tout convenu.
En plus il y a des filles. D'ailleurs, Anne-Sophie, kiçéki vous traite, dites ?
Onques ne supporterais-je telle infamie.
En souhaitant maintenant une bonne nuitée à toutes et au maitre des lieux, je m'empresse de rejoindre ma paillasse.
Je reviendrai.
Mes respects.
Où ça y a des filles? Ah oui, dans les commentaires! ;o)
Je croyais que tu étais venu avec tes copines...je te rappelle d'ailleurs que tout l'argent que je t'envoie est normalement censé servir à ce que tu viennes avec des copines girondes à toi, c'était notre deal au départ. Tu t'imaginais que je te payais pour tes beaux yeux? M'enfin!
Longtemps que je n'avais pas croisé le mot "gourd"...
Ma journée en est tout ensoleillée.
Pow wow, vous voici dans mes favoris, pas loin de l'autofictif de Chevillard.
Très complémentaires comme plaisir de lecteur.
Mille mercis d'avoir décidé de publier!
C'est aut' chose que Bernard Henry Lévy, non? ;o)
Avec ou sans (un tout petit peu de )mauvaise foi ?
:-)